mercredi 21 octobre 2015

Californie 2015: de Bodie à Yosemite

Jour 8

Ca fait un détour mais impossible pour nous de laisser de côté une visite à Bodie.
La route déserte qui y mène, qui se termine par quelques kilomètres de piste, nous a donné l’illusion un moment que nous y serions presque seuls.

Des ghost towns en Californie et dans le Nevada, il y en a un paquet, des villes vidées de leurs habitants une fois l’or épuisé. Parfois, il ne reste que des ruines. D’autres fois, une ou deux maisons.
Et il y a Bodie.
C’est la plus grande et la mieux préservées des villes fantômes. Elle est maintenue dans un état de « délabrement arrêté », ce qui signifie que les rangers maintiennent les bâtiments restants dans l’état dans lequel ils ont été laissés par leurs occupants (y compris l’intérieur).

Bodie est isolée, perchée à 2500m dans un coin pelé, à la lisière du Nevada. Il y a donc du monde, mais dans des proportions relativement raisonnables. Le site n’est accessible qu’en journée, il ferme à 18h tous les soirs et la neige empêche d’y accéder tout l’hiver jusque tard dans le printemps. Pas de coucher de soleil donc, pas de photos sous la neige non plus. Dommage.
Ils ont évité les reconstitutions à la con, les trucs débiles comme on les avait vus à Durango (Colorado) ou à Deadwood (Dakota du Sud), avec duels dans la rue tous les jours à 17h ou reconstitution de l’attaque de la banque, avec des dizaines de boutiques de souvenirs débiles. Ca c’est carrément une bonne nouvelle. Sur place, il y a le village, un petit musée et rien d’autre.

Aussi grand que puisse paraître le site, il ne reste que 5% des bâtiments d’une ville qui atteignait les 10000 habitants et la soixantaine de saloons lors de son boom.

Il est facile d’y passer des heures et d’y prendre, l’altitude aidant, de magnifiques coups de soleil.
Si l’extérieur est fascinant à observer, le vrai plus, c’est de pouvoir à travers les vitres de ces maisons en voir l’intérieur poussiéreux. Certaines ont leur mobilier intact. Les bâtiments publics sont extraordinaires également, du saloon à la salle de classe en passant par le barbershop. Le coffre de la banque est toujours là.
Seul regret : l’interdiction du site de la mine, uniquement accessible une fois par jour lors d’une visite guidée. Trop dangereux.

4 heures plus tard, desséchés, assoiffés, on rebrousse chemin pour reprendre la route qui part de Lee Vining, près du Mono Lake pour le Tioga Pass, point d’entrée du Yosemite.

Je m’étais fait un peu un monument de ce Tioga Pass. Il est extrêmement pratique car permet d’accéder à toute la région de l’East Sierra sans en faire le tour : c’est le prochain col vers le sud pour franchir la Sierra Nevada est à 300km. Il est aussi extrêmement fermé pendant 8 mois sur 12 minimum, rapport à ce qu’il est enneigé très tard et très tôt (il est à 3000 m d’altitude).
Bref, j’étais un peu excité et j’ai été un peu déçu. Déjà parce qu’on l’a pris dans le sens est-ouest. Or dans ce sens là, la montée est raide et courte. Dans l’autre sens, elle fait 50 km.
Aussi parce que les paysages étaient un peu moins spectaculaires que ce que je m’étais imaginé. Notamment de l’autre côté du col, vers Tuolumne Meadows.
Je m’attendais au même type de prés d’altitude que ceux qu’on avait pu voir par exemple vers le Mont Rainier, dans l’état de Washington, des étendues bien vertes et couvertes de fleurs.
Ben c’était plutôt sec et y avait pas des masses de fleurs.
Bon, n’exagérons rien, les quelques photos montrent que c’est pas non plus affreux. Il y a de chouettes lacs, où Géraldine a vu un cerf s’abreuver peinard, des rivières, des beaux paysages.
Ceux-ci sont d’ailleurs de plus en plus beaux à mesure que l’on descend.
La plus belle partie du trajet se situe entre Fairview et Medlicott Dome, le très beau Tenaya Lake et Olmsted Point.
A Olmsted Point, on fait une halte un peu plus longue pour marcher les quelques centaines de mètres qui séparent le parking du point de vue à proprement parler.
Le panorama est époustouflant. Partout, des domes granitiques monumentaux, tout gris, qui s’échappent de denses forêts de conifères d’un vert profond.
Et Olmsted a l’avantage, nous le découvrirons plus tard, d’être le moins fréquenté des points du vue du parc, probablement parce qu’il se situe sur la Tioga Pass road, qui est elle-même assez tranquille car loin de la Yosemite Valley.

De la Yosemite Valley, nous ne verrons aujourd’hui que le point d’entrée : le Tunnel View.
Là il y a beaucoup de monde. Et la vue est très différente : à Olmsted, on domine tout. Ici, on est juste au-dessus du niveau de la Yosemite Valley, donc on voit El Capitan, et au fond le
Half Dome d’en bas. On y reste assez longtemps car il y a des passages nuageux et j’attends la percée du soleil désormais rasant, qui éclaire des bouts de granit.
Géraldine perd totalement patience : j’arrive dans ces moments à faire abstraction de la foule parce que j’attends quelque chose, elle est horripilée par les demandes de photos de groupe, les perches à selfies, les gens qui gueulent comme s’ils étaient chez eux.
Je crois que le pire est atteint quand je lui dis que j’aimerais bien le refaire un autre jour…
Il nous reste encore une heure de trajet jusqu’à ce qui sera notre camp de base, la petite ville de Oakhurst.
J’étais un peu déçu de ne pas avoir trouvé de logement dans le parc, je m’y suis pris trop tard et les prix y sont faramineux. Mais finalement, on appréciera assez de ne pas être dans la foule des campings de la Valley. On est bien plus tranquille à Oakhurst, dans notre motel bizarre mais pas désagréable, dont une partie a brûlé l’année dernière.
La chaleur est forcément suffocante car on est plus bas mais on s’en fout, vive la clim.
Niveau bouffe c’est pas l’extase. Je me contente d’une pizza à emporter plutôt mangeable mais Géraldine tient à aller seule faire des courses au supermarché. La bière est fraîche dans notre glacière, c’est tout ce qui compte.



















































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