mercredi 14 octobre 2015

Californie 2015: de Joshua Tree à Las Vegas par le Mojave

Jour 5

C’est notre premier petit-déjeuner d’hôtel cette année et on avait oublié comment ils pouvaient être dégueulasses dans ce pays.
Du pain de mie, des céréales imbouffables de toutes les couleurs, de faux jus de fruits, des confitures où il faut fixer le petit dessin sur l’opercule pour se convaincre qu’il s’agit bien de ce fruit là.

Pour tout arranger, on arrive les derniers, on a bien écrasé. Et donc la dame de service n’a qu’une hâte : débarasser. Il nous a fallu passer par l’extérieur pour arriver à la salle de petit déjeuner et ça nous a donné une petite idée des souffrances de la journée : ça cogne très dur comme en plein midi, sauf qu’il n’est que 8h30.
On a hâte de se barrer, après un arrêt au Visitor Center d’hier.
Direction le Mojave National Preserve, donc. Puis Las Vegas.
Dès la sortie de Twentynine Palms, c’en est fini de la végétation, de la présence humaine.
Ca grimpe avant de redescendre. La vue est parfaite, la route trace une grande ligne droite dans cette étendue marron dépourvue de vie.
Dans la vallée, la chaleur monte en vagues inlassables, créant des mirages immenses nous faisant croire à la présence d’eau. Effectivement, il s’agit d’un lac évaporé, le Bristol Lake. Mais d’eau, il n’y a point.
On croise la route 66 au niveau d’Amboy.
Le patelin se trouve encore noté sur les cartes mais il s’agit plus d’un hommage rendu au passé que du témoignage d’une présence humaine conséquente. Il s’agit d’un de ces villages qui ont prospéré à l’ouverture de la Route 66, dans les années 20.
Amboy étant particulièrement isolé, la présence du Roy’s Café, qui faisait station service et restaurant, était particulièrement appréciée. Un motel avait même ouvert. La population avoisinait alors les 70 habitants.
Mais la construction de l’Interstate 40, plus au nord a porté un coup fatal à cette partie de la route, qui s’est retrouvée complètement isolée.
Ils ne sont désormais plus que 4 à habiter Amboy.
Mais Roy’s est toujours là, un des vestiges les plus connus de la période glorieuse de la 66. Il a fermé un moment mais a rouvert il y a quelques années. Ca fait un drôle d’effet. A côté, le motel est toujours présent, avec son bâtiment de réception maintenu dans son jus et ses bungalows désaffectés.
La chaleur est terrible. Géraldine entre dans la station quand j’entends un vrombissement caractéristique. Une vingtaine de Harleys déboulent. Les motards sont épuisés, suants. J’ai été quelques secondes tellement fasciné par cette arrivée qu’on aurait cru réglée comme dans un spectacle que j’en ai oublié mon appareil photo.
Quelques kilomètres plus loin nous attendent quelques unes des heures les plus solitaires de notre voyage : la traversée du Mojave Preserve.
Très peu visité, il n’est pas dépourvu d’intérêt. J’avais lu qu’il était sans attraits, monotone, j’ai trouvé tout le contraire. On entre par le sud, traversant un paysage de montagnes granitiques qui vaut largement ce que nous avons vu jusque là. Une longue descente mène
ensuite vers Kelso. Avant d’y arriver, on bifurque à gauche pour prendre un chemin poussiéreux qui mène jusqu’aux dunes du même nom. Les plus hautes atteignent 200m de haut. La chaleur est tout simplement étouffante. On ne sent pas du tout de grimper. On se contente donc, un peu frustrés, de les observer respectueusement depuis leur pied. Les descendre aurait pu nous permettre d’entendre ce « boooooom ! » tout à fait impressionnant qu’elles font sous chacun des pas des marcheurs. On le sait parce qu’on l’a entendu au musée de Kelso, où ils ont enregistré ce bruit fabuleux. On a du mal à croire qu’il est provoqué par la simple marche.
Kelso est une autre ghost town, qui vivait principalement de l’activité ferroviaire. D’ailleurs son nom même provient d’un ouvrier de chemin de fer dont le nom avait été placé dans un chapeau avec celui de deux autres pour savoir quel nom donner à ce qui n’était qu’une gare sur la ligne qui reliait la Californie à l’Utah. Des 2000 habitants qu’a pu compter ce patelin après la découverte de divers minerais dans les collines alentour (dont de l’or), il ne reste rien que cette gare de style « California Mission ». Elle se visite, avec son ancien restaurant, son mobilier qui sent bon le bois. On se croirait dans un autre temps. Dehors, on est de nouveau assailli par ces foutues abeilles et on court de la gare à la voiture.
On prend ensuite la route de Cima, qui nous impressionne par la quantité industrielle de Joshua Trees que l’on y trouve. Le paysage en est littéralement couvert, dans des proportions largement plus importantes que dans le parc du même nom. Et ils y sont aussi plus impressionnants et nettement moins rachitiques.
Moment tout bête mais assez magique : on croise un train de marchandises dans ce paysage somptueux. On fait coucou au conducteur, il fait siffler sa loco. De vrais gamins.
On rejoint après encore un peu de trajet l’Interstate 15 qui vers l’est va nous permettre de rejoindre Las Vegas.
Changement de décor. On ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de monde sur la route, le paysage reste désertique mais l’on sent qu’on approche d’un truc. Sur notre gauche au fond, on est ébloui par le soleil se reflétant sur une surface immense de panneaux solaires.
On passe le panneau nous indiquant le changement d’Etat (arrivée dans le Nevada, donc) et là, 50m plus loin, le défilé de casinos plus hideux les uns que les autres commence, profitant à fond de la législation locale plus permissive.
L’arrivée sur Las Vegas n’est guère impressionnante et en bien moins de temps que l’on se l’imaginait, on arrive sur le Strip, directement à notre hôtel, le Flamingo.
Là, la galère débute. Le garage de l’hôtel est très commodément situé à l’extérieur, sur 7 étages dont 3 réservés au « valet parking ». Ne trouvant aucune place, on atterrit sur le toit du parking, en plein soleil.
Ingéniosité des ingéniosités, il n’y a qu’un escalier pour descendre du 7 au 6, qu’on doit donc se taper avec les valises à la main. Il fait une chaleur digne de l’enfer, même pour les standards de Las Vegas : on frôle les 50°C/
Une fois au rez-de-chaussée, il faut marcher pendant 10 minutes avec les bagages pour atteindre le lobby de l’hôtel. Là, mauvaise surprise pour le check-in : une queue digne d’un magasin d’alimentation soviétique dans les années 70 nous attend. Et elle avance à peu près aussi vite.
Je râle tout ce que je peux, je ne comprends pas. Une demi-heure plus tard, on a notre clé. 23ème étage. Faut prendre un des 6 ascenseurs et traverser les couloirs jusqu’au bout en tirant comme on peut les valises ralenties par leur putain de moquette.
On arrive devant la porte : pas de chance, on s’est trompé d’étage. Je déteste déjà cet endroit.
Quand on arrive enfin à poser nos bagages, on se retrouve dans une suite qui fait pas loin de 100m². On pense qu’ils se sont trompés mais en fait il s’agit de l’aile non rénovée, donc le style est à l’avenant. Je m’attends à voir surgir un Elvis tout bouffi dans le couloir.
On renonce à aller à la piscine, on est quand même curieux de voir ce bled. On se boit une bière bien fraîche pour se donner le courage d’affronter la chaleur.
Quelques pas dehors suffisent à nous convaincre que c’est parfaitement invivable.
Notre hôtel est juste à côté du Caesar’s Palace, du Bellagio et de ses fontaines. On n’est pas plus impressionné que ça par ce qu’on voit ‘y compris la Tour Eiffel du Paris Las Vegas.
Tout nous paraît très laid et très beauf, y compris les gens autour de nous. C’est vraiment un épate-cons. Ce qui est vraiment épatant, c’est qu’ils n’aient aucune vergogne à gaspiller électricité et eau en plein milieu du désert. Ils vont pomper tout ça à des centaines de kilomètres, vidant les barrages mais c’est pas grave. C’est franchement déprimant, même pour quelqu’un comme moi pas très investi dans la conservation de la planète.
Notre quête idiote d’un supermarché où acheter à manger quelque chose de sain est très vite déçue. Il n’y a rien ici que des hôtels démesurés, rendus affreusement bruyants par les machines à sous de leurs casinos de rez-de-chaussée, entourés de magasins plus débiles les uns que les autres (genre lingerie soi-disant friponne).
On finit par manger à côté des one arm bandits d’un quelconque casino, dans une espèce de baraque à sandwich améliorée, entourés de joueurs aux regards morts, de bachelorettes habillées pour un week-end de débauche et de touristes perpétuellement le nez en l’air.
Une fois avalée notre nourriture trop salée, on arrive à se mettre en retard pour notre visite nocturne au Neon Museum. Il nous faut reprendre la voiture, nous perdre en prenant la mauvaise sortie dans un quartier absolument désert, où n’errent que des grappes de clodos abrutis par l’alcool et la chaleur.
On finit par trouver notre musée. La visite a déjà commencé. Le musée est en plein air, afin de pouvoir abriter tous ces anciens néons et enseignes de casinos, d’hôtels, de clubs. La visite est très intéressante, menée par un employé du musée qui combattra un certain nombre de préjugés sur la ville (notamment la légende selon laquelle c’est la mafia qui a créé L.V.).
Il fait encore atrocement chaud, cette impression d’étouffement rendue plus insupportable encore par la nuit. Ca semble pas naturel, ce genre de température. On est en perfusion permanente d’eau.
Les enseignes ne sont pas « branchées » mais éclairées, à quelques exceptions près. C’est l’histoire du Las Vegas des films qui passe devant nos yeux, de la bourgade du désert sans climatisation à la destination de week-end des Angelenos, puis l’époque « rat pack », la révolution qu’a constituée la possibilité de venir en avion et désormais, la période « Paradise », les complexes hôteliers démesurés. Paradise car en fait le nouveau strip n’est même plus construit sur la commune de Las Vegas mais sur une ville désormais absorbée par L.V., Paradise.
En repartant de cette visite qui nous a sauvé le séjour dans cette ville, on passera par Fremont, par l’ancien strip, qui paraît désuet et cheap à côté du nouveau, mais tellement plus attachant et à taille humaine.
On a le bonheur de tomber dans un embouteillage qui nous forcera à une visite au pas du Strip. Il y a désormais plein de monde dans les rues, car évidemment la ville ne vit que pour la nuit. Ca me fout encore plus le cafard, c’est très bruyant, il fait toujours terriblement chaud et ces reproductions de Venise en carton pâte me semblnte tout bonnement grotesques.

Retour au parking. On trouve une place au 6ème (youpi). Objectif Death Valley demain et on est super motivé pour se lever très tôt, vu les températures annoncées.





















































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