mardi 3 novembre 2015

Californie 2015 - Yosemite

Jour 11


On commence la journée en rendant visite à ce fameux magasin dans le genre « trading post ». Effectivement, il y a un peu de tout là-dedans, notamment des bijoux indiens. Autant dire qu’il y en a une de nous deux qui est en transe.
Sans dire que je m’impatiente (je peux comprendre hein), j’ai quand même hâte qu’on entame la vraie journée.
Comme le temps est plus au franc soleil qu’hier et qu’on est un peu frustrés de marche, on a décidé de se faire une rando. Bon, je vais être honnête, j’en ai trouvé une que j’ai présenté un peu sommairement à Géraldine comme étant « voir de belles cascades ».
Du coup, ça nous impose de retourner dans la Yosemite Valley, tout au bout cette fois, direction Curry Village, le plus grand site d’hébergement du parc. C’est effectivement presque un village, grouillant.
Le parking est grand, plein et poussiéreux. Quelques pommiers y sont disséminés, dont les pommes doivent être récoltées dès leur apparition par des volontaires car les ours en raffolent. 
Pour nous rendre au départ de la rando, on doit emprunter une des navettes gratuites, dont la conductrice avertit les passagers de s’équiper en eau si l’on doit marcher et d’éviter de devoir être rapatrié puisque ça coûte dans les 30000$.

On part donc bien alourdi en eau. Il fait très chaud, largement plus de 30°C mais tant qu’on est à l’ombre, c’est encore supportable. 
La randonnée a été joliment baptisée « Mist Trail », soit « la piste de la brume ». En fait de brume, il s’agit plutôt d’embruns car le débit de l’eau est si important qu’il est impossible (notamment au printemps) de la faire sans être totalement trempé. 

C’est une randonnée qu’on peut diviser en trois étapes. La plupart des gens s’arrêtent d’ailleurs après l’étape 2 : arrivée au pied de Vernal Fall (difficulté moyenne), arrivée en haut de Vernal Fall (dur) et arrivée en haut de Nevada Fall (très dur).

Ca commence direct très raide mais jusqu’au pied de Vernal Fall, la première des deux cascades, c’est bizarrement accessible aux handicapés. Je me demande quel genre de chaise roulante permet de se taper des pentes pareilles, quel genre de bon samaritain a la caisse pour pousser quelqu’un d’autre sur ces pentes et qui donc pourrait RETENIR un fauteuil dans la descente.

Bref, au pied de Vernal, très jolie, on a le dernier point d’eau, où il est fortement recommandé de remplir ses bouteilles. En effet, l’eau des cascades n’est pas potable. Etonnant, non ?

Après cette étape, ça devient plus dur, ça grimpe raide mais encore bien à l’ombre, ça devient limite boueux à certains endroits, la terre et l’herbe arrosées en permanence par le vaporisateur naturel que constitue la cascade vrombissante. L’herbe est d’ailleurs d’un vert éblouissant, les rochers d’un gris très sombre, ça fait de très beaux contrastes. C’est en revanche très glissant. 
Ces deux cascades restent étonnamment alimentées alors que toutes les autres sont réduites à un filet d’eau. Là, j’ai vraiment l’impression de voir les cascades de Yosemite comme je me les étais imaginées.
La dernière partie avant d’arriver en haut de Vernal est difficile, 600 marches taillées dans le granit et moins de vaporisation pour se rafraîchir. En haut, c’est pire encore, en plein soleil. 
Les gens n’ont pas d’autre choix ici que de respecter les barrières de sécurité : au-delà, c’est le vide.
Au-dessus de la cascade, il y a deux petits bassins qui ne sont pas des lacs mais des endroits où la rivière prend ses aises, l’eau y est transparente, l’endroit est très beau mais interdit à la baignade à cause des courants. Ce qui n’empêche pas quelques inconscients de se baigner.
La dernière partie de la rando est extrêmement pénible : pour atteindre le haut de Nevada Fall, il faut passer cette fois en plein soleil, le long de la paroi rocheuse qui longe Liberty Cap. C’est là encore extrêmement raide : les « marches » sont très hautes, il fait une chaleur lourde terrible. Il n’y a plus guère de monde et on comprend pourquoi. Géraldine commence à me maudire : « Tu m’as dit qu’on allait voir les cascades, je pensais que c’était de la rando tranquille et qu’on les voyait d’en-bas, moi ».
Sur la toute dernière partie, les quelques personnes que l’on croise nous encouragent et nous rassurent « You’re almost there ». Cool.
En haut, la vue est superbe, avec le Liberty Cap tout proche, la vue vers la vallée.... Là encore, il y a un petit bassin qui donne très envie mais est tout aussi interdit que le précédent.
Ici en revanche, certains randonneurs ignorent les avertissements et vont s’assoir sur les rochers littéralement à 1 m de la chute. Ils n’ont pas peur de se retrouver 200m plus bas.
On croise un gars qui court dans tous les sens, discute avec des gens, parlant d’un accident. Je ne suis pas surpris. Il a appelé les secours. Un de ses amis, dit-il, mais c’est tout ce qu’on entend. On voit effectivement un gars un peu plus loin assis sur un rocher, sa chaussure à la main et la cheville correspondante grosse comme un melon. Je le plains sincèrement parce que c’est clair qu’il n’y a pas moyen de redescendre comme ça tout seul. Je pensais qu’il s’était tout bêtement fait une entorse mais on apprendra un peu plus tard qu’il s’est fait mordre par un serpent. On verra d’ailleurs l’hélico venir le chercher. On reste étonné par le calme dont il semblait faire preuve dans une telle situation. Putain, j’aurais VRAIMENT pas aimé être à sa place.
Les nuages noirs ne nous annoncent rien de bon, ni plus que le tonnerre qui roule. Cette partie est assez pelée et j’ai pas envie de me transformer en rôti. 
On décide de ne pas redescendre par la Mist Trail, qui nous semble mortelle pour les genoux et les cuisses, mais d’emprunter plutôt (et au plus vite), la John Muir Trail, qui passe de l’autre côté de la cascade. C’est plus long mais moins raide, nous a-t-on dit. 
Là, je bénis une nouvelle fois l’existence de maps.me, cette appli (gratuite) qui nous a suivi déjà jusqu’au fin fond du monde, on seulement sur la route mais aussi en randonnée. On peut suivre notre chemin sur l’appli sans aucun risque de se planter. Voilà une excellente raison de se réjouir de vivre en 2015.
Le début de la John Muir est époustouflant, on passe du « bon côté » pour avoir une vue panoramique démentielle sur Nevada Fall et le Liberty Cap, sous des nuages menaçants. Pffiou.
Le reste est très beau aussi, mais la fatigue se fait sentir. On est heureux d’avoir choisi ce chemin alternatif de retour, qui descend déjà bien assez.
La John Muir traverse ensuite une forêt dont on apprécie d’autant plus la fraîcheur qu’en descendant en altitude, l’air se fait plus lourd. 
Elle rejoint enfin le « Vernal Fall footbridge » où se trouve le fameux « dernier point d’eau ».
On est flappi. On n’en a pas tout à fait terminé mais on se sera tapé une bonne dizaine de kilomètres sous une bonne chaleur et on aura fait 600m de dénivelé positif. On est bien calmé.
On fait la dernière portion en discutant avec deux Français croisés là. On ne rêve tous que d’une chose : une bière super fraîche. 
Eux logent ici (ils sont 5 au total), à Curry Village, qu’on rejoint après un court trajet pendant lequel j’étais à deux doigts de m’endormir.
On décide de mettre notre menace à exécution et d’aller s’acheter des bières, qu’ils nous offriront très gentiment, et prendre un apéro en terrasse qu’on n’aura jamais autant mérité. On boit, on discute, on est rejoint par le reste du groupe, on en boit une deuxième, putain, il fait presque nuit et on a encore une bonne heure de route, nous.
Au moment de repartir, juste au-dessus du parking, le Half Dome est éclairé par les derniers rayons du soleil. C’est assez ironique : finalement, une des plus belles vues du séjour à Yosemite, c’est d’un vilain parking…


Le retour est long, on est éreinté mais on s’en fout, on a passé une super journée.


































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